" Votre propos "J’ai besoin de mieux comprendre ce qu’il se passe, et de mieux me comprendre" est aussi au cœur de la réflexion psychanalytique : Aider le sujet à apporter du sens à ses désirs actualisés et refoulés et l’aider à s'accepter en tant que sujet et non objet d’un autre pour tenter de se retrouver lui-même. En d’autres termes, accompagner le sujet à se défaire de sa forme de dépendance qui pourrait exister consciemment ou pas et l’indisposerait. Le sujet de l'amour, qui est le vôtre, est enclin à la fragilité de par les sentiments qu'il renferme. Il fait ce que tout individu recherche dans sa demande à l’autre, c’est dire les différentes formes qu’il cache. C’est ainsi, nous vivons tant bien que mal en tentant de nous apaiser de tout ce qui pourrait faire mouvements indésirables dans cet état ou le sentiment qui le complète. D’ailleurs vous en faites référence lorsque vous-même vous distinguez, aimer de l’état amoureux. C’est peut-être là que réside la nécessité d’un autre, la question se pose ainsi et la réponse ne peut être que la vôtre, elle est non inscrite universellement, elle appartient à votre réalité qui fait que vous êtes unique comme tout à chacun. Jacques André (psychanalyste) écrit dans « Psychanalyse de la vie quotidienne », « Pour toute vie, le premier amour est celui dont on est l'objet. Être aimé est la première forme de vie amoureuse, on ne s'en remet jamais tout à fait. » Cette phrase illustre bien le sujet de l’amour qui se débat et navigue entre sujet et objet dans le sujet que chacun est ou tend à être. Il y a dans le sujet de l’amour et de ses états, une composante qui est importante dans ce que l’amour nous attire ce sont ses mouvements émotionnels et affectifs qui nous révèlent inconsciemment notre existence, notre vie, notre en-vie, nos désirs et le négatif d’eux-mêmes (le contraire, présence ou absence). De l’un à l’autre de nos sentiments pour l’autre et nous-même le principe de plaisir ne peut pas être un tout et il vient rencontrer le principe de réalité qui n’est pas seul et en dehors de nous puisqu’il est aussi ce que nous en construisons depuis notre naissance. Je conclus par une phrase d’Irvin Yalom, de son livre « Et Nietzsche a pleuré », quand il propose à Nietzsche de s’interroger sur l’amour qu’il ressent pour une autre « Vous aimez le désir, et non l’être désiré ». Je rajoute à cela que le sujet aime aussi être désiré et que le désir de l’autre peut venir éveiller ce sentiment en soi pour celui-ci. "
Alain Giraud