« Il faut une très grande maturité pour être capable d’être parent, car cela implique d’être conscient que ce n’est pas une situation de pouvoir, mais une situation de devoir, et qu’on n’a aucun droit à attendre en échange » F.DOLTO
Mon enfant est insupportable… Mon enfant n’écoute rien… Il est en opposition constante… Je n’arrive pas à lui faire faire ce je j’exige… il ne respecte pas …. Je ne sais plus quoi faire avec lui… Je suis épuisée… etc. Ainsi parlent des parents en séance, en réunion ; « j’ai des difficultés avec mon enfant ».
Il ne s’agit pas ici d’examiner les difficultés une à une et de donner une recette miracle, car ce qui est intéressant en psychanalyse c’est que tout repose essentiellement sur le désir et l’histoire de chacun. « La psychanalyse c’est aider les gens à être ce qu’ils sont ».
« Quand un enfant crie c’est qu’il a quelque chose à dire » dit Dolto, oui mais à qui et quoi ? Quand un enfant tape c’est qu’il recherche le contact et qu’il ne sait pas faire autrement ou qu’il souhaite le détruire, s’en débarrasser. Ca veut dire quelque chose! Des fois il veut tellement être en contact qu’il se confronte, crie, casse ou il mord comme s’il voulait entrer dans l’autre comme s’il mordait le sein pour se l’accaparer comme le fait le nourrisson ou comme s’il voulait le détruire ou l’incorporer. Difficile de s’y retrouver devant tant d’expressions que l’enfant libère parce qu’il n’est pas entendu, pas compris, ou encore pas écouter et qu’il se sent isolé, incompris, laissé pour compte. Comment attirer l’attention de ceux qui ignorent ? Comment se faire comprendre quand on n’a pas les mots ? Comment appeler à l’aide quand non ne comprend pas ce qui se passe à l’intérieur? Comment dire je t’aime quand la colère emporte ?
Rappelez-vous quand vous avez parlé de votre enfant et que vous avez dit un truc comme « Il ou elle était hors de lui ». Oui, c’est exactement ça que votre enfant exprimait pleinement: toutes les pulsions enfermées, réprimées, se libéraient d’un coup, étaient mises en action et donnaient colère, confusion, indécision, doute, destruction. Il ou elle exprimait son incompréhension, sa douleur.
Rappelez vous que votre enfant s’exprimait déjà depuis la naissance. Oui ! ses expressions d’aujourd’hui ne sont pas seulement d’aujourd’hui, elles remontent déjà à quelques années ! Oui rappelez-vous lorsqu’il prenait le sein ou le biberon ! ou encore lorsque vous cédiez à son insistance, histoire d’avoir la paix, il n’avait que quelques mois! rappelez vous lorsque vous vous inquiétiez parce qu’il n’allait pas à la selle assez souvent à votre gout et qu’il ne vous donnait pas le cadeau attendu! rappelez-vous quand il venait se glisser dans le lit conjugal entre vous deux ! rappelez-vous lorsqu’il donnait une tape ou tirait les cheveux à son frère ou sa sœur ! et bien d’autre encore, etc… Oui déjà il parlait avec de longs discours à sa manière mais vous aviez déjà des difficultés à le comprendre, alors vous lui prêtiez des intentions avec un sourire ou un grognement peut-être.
Dernièrement j’assistais à un débat et j’écoutais les remarques que pouvaient faire certains parents en demande de solutions qui relataient leur incapacité et leur incompréhension devant l’attitude de leur(s) enfant(s). Comment faut-il faire, demandaient-ils ? Il y avait comme un « au secours ! » qui resonnait, toute comme celui de l’enfant qui hurle et crie mais ne sait pas ordonner les mots pour expliquer ce qui ne va pas.
Cela me rappelle l’idée de Sandor ferenczi "l’enfant dans l’adulte" qui pourrait être que devant l’attitude de l’enfant, le parent démuni témoigne de sa propre incapacité à être entendu par l’enfant. Freud en 1913, dans "intérêts pour la psychanalyse" disait déjà à ce propos là que "Nous adultes,ne comprenons pas les enfants, parce que nous ne comprenons plus notre propre enfance. Notre amnésie infantile prouve à quel point nous lui sommes étrangers." Il pourrait s’agir de l’enfant intérieur du parent, tapi dans l’inconscient. Peut-être que cet enfant intérieur du parent n’avait pas été compris à l’époque de ses quelques mois ou quelques années et il se réveille aujourd’hui devant l’incompréhension d’un autre enfant réel celui-là. Nous voilà revenu dans l’inconscient de l’adulte : Le combat des pulsions et des incompréhensions est engagé:Soit, il devient le bourreau de l’enfant, soit, il devient la victime de l’enfant, il cherche en même temps à devenir le sauveur de soi et de l’enfant. Tous les deux cherchent à être entendu, compris, écouté !
Certains proposent de la méditation, d’autres de la relaxation, d’autres encore de la respiration, du temps et de l’amour, du cadre et des limites, du sport, des activités de dépense physique. Encore faut-il avoir du temps, si vous savez faire, et si votre enfant est disposé à cela
Moi je vous propose de mettre tout cela dans un shaker et d’en faire un cocktail familial et de le distribuer à quatre heures ou en apéro avant le diner quotidiennement et à petite dose sans épuisement où enfant(s) et parent(s) vont s’investir dans une vraie relation de parent à enfant et d’enfant à parent. Où le présent et l’avenir vont pouvoir s’évoquer sans stress. Oui, si l’enfant crie c’est qu’il parle et s’il parle, alors c’est qu’il a quelque chose à dire !
Mais qu’est-ce qu’il a à dire à cet âge-là ? Oui c’est peut-être un peu lassant à écouter, fatiguant même, ou inintéressant quand vous rentrez d’une journée de boulot ou que vous êtes en pleine déprime parce que votre dernier(e) conquête vous a quitté(e), ou que votre conjoint(e) est parti(e) quelques jours pour x raison(s).
Comme nous le dit Boris cyrulnik, Le temps de discussion, sans télévision, sans tablette, sans ordi, est primordial. C’est le moment des retrouvailles, et ça rend intelligent ! Oui quotidiennement pendant une heure faites vous plaisir dans votre job de parent, concentrez vous avec bienveillance sur la rencontre Enfant-Parent. C’est le moment où vous allez essayer de comprendre le champ imaginaire de votre ou vos enfants.
C’est grâce à l’enfant que vous pouvez dire « Je suis parent » c’est lui qui vous donne le nom de papa ou de maman, et ça c’est irremplaçable. Vous n’avez pas appris à être parent mais vous le devenez à chaque instant, c’est votre job ! C’est une chance incroyable. Il n’y a pas que le boulot, la maison, la piscine, les W.E et les potes ou les copines ! Y a le ou les enfants ! La relation Enfant-Parent c’est votre job ! Et là vous verrez que les choses changeront vraiment !
Si vous ne savez pas faire, la psychothérapie est là pour vous accompagner dans votre démarche. Elle travaille avec vous le cadre à installer, elle identifie vos blocages et vous réfléchissez dessus. Elle vous aide à parler de votre enfant intérieur qui vient se confronter à l’enfant réel qui prend sa place chez vous, elle vous explique les mouvements de l’enfant dans son évolution psychosexuelle. En effet la psychothérapie peut vous aider à surmonter vos difficultés. Elle prend place comme un superviseur avec qui vous pouvez discuter, échanger, prendre conseil. Vous pouvez même demander à amener votre enfant de 1 an jusqu’à ce qu’il veuille bien venir, des fois ils sont ok, mais souvent à 16 ans ils préfèrent venir seul.
Toute relation qu’elle soit d’adulte à adulte , d’enfant(s) à parents, d’enfant(s) à enfant(s), tout se dit comme disait Dolto même ce qui est non-dit, les non-dits servent aux adultes à se prendre pour des adultes responsable de choses qui ne sont pas dites et qui n’existent que dans le silence et le phantasmes de chacun. Privilégiez le dialogue avec votre enfant, l’écoute de ses besoins sans pour autant les satisfaire à outrance mais avec des limites, vos limites, celles du cadre , de votre cadre responsable de parent. N’oubliez pas que si vous êtes parents c’est aussi parce qu’il vous appelle maman ou papa.