Citations de L’ENFANT DANS L'ADULTE - SANDOR FERENCZI- Bbp 1982
Préface de Simone Korff-Sausse
"Si la revolution freudienne a consisté à révéler la part de l'infantile toujours active dans la vie psychique de l'adulte, c'est Ferenczi qui a développé cette idée jusque dans ces aboutissements les plus ultimes.."
"C'est encore Ferenczi qui a décrit la relation entre l'analyste et le patient sur le modèle de la relation entre la mère et l'enfant ce qui est devenu un véritable paradigme de la psychanalyse"
"C'est l'enfant blessé, traumatisé, enfoui dans l'adulte, qui fait l'objet de toutes les attentions et explorations de Ferenczi"
"Les stades se succèdent mais leurs caractéristiques ne disparaissent pas, ils sont réactivés au gré de l'évolution et s'intègrent les uns dans les autres"
"Ferenczi a observé chez ses patients qu'un dommage minime peut jeter une ombre sur toute une vie."
L’adaptation de la famille à l’enfant 1927
Merci
« Nous sommes redevables aux enfants de la lumière qu’ils ont permis de jeter sur la psychologie, et la manière la plus conséquente de payer cette dette (aussi bien dans leur intérêt que dans le nôtre) c’est de nous efforcer de mieux les comprendre par nos études psychanalytiques. »
se comprendre en tant qu'adulte
« L’adaptation de la famille à l’enfant ne peut s’amorcer que si les parents commencent à mieux se comprendre eux-mêmes et parviennent ainsi à acquérir une certaine représentation de la vie psychique des adultes. »
« La première erreur des parents, c’est l’oubli de leur propre enfance. »
Traumatisme de la naissance
« Freud nous a appris que les symptômes d’angoisse sont en relation avec les modifications physiologiques particulières, entraînées par le passage du ventre da la mère au monde extérieur[….]Il cherche simplement à expliquer toutes les névroses et psychose par ce premier grand trauma : il l’a appelé le traumatisme de la naissance. »
« La suffocation menaçante prend fin immédiatement, car les poumons sont là et commencent à fonctionner, dès que cesse la circulation ombilicale ; le ventricule gauche , inactif jusqu’ici, entre en fonction énergiquement. »
Traumatisme du sevrage
« D’autres traumatismes réels ont des effets plus difficiles à éliminer ; ils ne sont pas d’ordre physiologique mais concernent l’entrée de l’enfant dans la société de ses semblables, et à cet égard l’instinct des parents semble bien souvent faire défaut. Je veux parler du traumatisme du sevrage, de la propreté, de la suppression des « mauvaises habitudes », et finalement du plus important de tous, du passage de l’enfant à la vie adulte. »
« Un sevrage maladroit peut influencer défavorablement le rapport de l’enfant aux objets, et sa manière d’en obtenir du plaisir, ce qui peut ainsi assombrir une grande partie de sa vie. »
« La manière dont l’individu, dans les cinq premières années de sa vie, adapte ses besoins primitifs aux exigences de la civilisation, déterminera aussi la manière dont il affrontera dans la vie toutes les difficultés ultérieures. »
Le coït parental
« Si l’enfant dans sa première ou deuxième année observe des rapports sexuels entre ses parents, à un moment où il peut déjà être excité sans avoir de soupape intellectuelle à cette excitation, cela peut entrainer une névrose, infantile qui risque d’affaiblir définitivement sa vie affective. »
L'objet moi et l'objet non-moi
« La tendance naturelle du petit enfant est de s’aimer lui-même, ainsi que tout ce qu’il considère comme faisant partie de lui ; ses excréments sont effectivement une partie de lui-même, quelque chose d’intermédiaire [Zwischending] entre sujet et objet. »
« Dans l’adaptation de la famille à l’enfant, ce qui se révèle être traumatique se produit donc lors du passage de la toute première enfance primitive à la civilisation ; la propreté n’étant pas seule en cause, s’y ajoute la sexualité. »
Imaginaire de l'enfant - Imaginaire du parent
« Curieusement, ce qui échappe aux parents, c’est, précisément, ce qui va de soi pour les enfants ; et ce que les enfants ne saisissant pas est clair comme le jour pour les parents. »
La chasteté des parents et la culpabilité de l'enfant
« Les parents ne peuvent pas croire que l’enfant éprouve dans son sexe des sensations analogues aux leurs. Quant à l’enfant, il se sent réprouvé [Verwofen] à cause de ses sensations et croit que les adultes sont à cet égard purs et immaculés. »
Les non-dits
« C’est un malheur pour l’enfant d’être trop déçu ou trompé. »
Le Surmoi
« Alors père et mère réels peuvent bien perdre de l’importance pour l’enfant, il a établi en lui-même une sorte de père et mère intérieurs. Ainsi se constitue ce que Freud a appelé le « Surmoi ». »
Exigences du parent
« Une trop grande sévérité peut porter préjudice à l’enfant en lui donnant un Surmoi trop rigide. Je crois vraiment qu’il serait nécessaire d’écrire un jour un livre, non seulement, comme c’est l’usage, sur l’importance et l’utilité des idéaux pour l’enfant, mais aussi sur la nocivité d’exigences idéales excessives. »
Symbole et symbolisation
« Les symboles sont l’usage même de la langue des enfants, nous n’avons pas à leur apprendre comment s’en servir. »
Analyse d’enfants avec des adultes. 1931
Echec de l'analysant et confort de l'analyste
« Je devais donc sans cesse me poser la même question : est ce que la cause de l’échec est toujours la résistance du patient, n’est pas plutôt notre propre confort qui dédaigne de s’adapter aux particularités de la personne elle-même, sur le plan de la méthode. »
Introduction à la libre association
« Qu’est ce qui vous vient à ce propos ? »
« Je crois qu’il y a une différence essentielle avec les suggestions habituelles pratiquées par les psychothérapeutes ; en réalité il s’agit simplement d’un renforcement des consignes inévitables de l’analyse : maintenant allongez-vous, laissez vos pensées jouer librement, et dites tout ce qui vous vient à l’esprit. »
« Au cours de toute association libre des éléments d‘extase et d’oubli de soi sont inévitables ; cependant l’invitation à aller plus loin et plus profond conduit parfois – avec moi très souvent, avouons-le honnêtement – à l’apparition d’une extase plus profonde ; quand elle prend une allure pour ainsi dire hallucinatoire, on peut, si on veut, l’appeler autohypnose ; mes patients l’appellent volontiers un état de transe. »
Capacité de rêverie du psy
« ….en plein milieu de son récit , il me passe le bras autour du coup et me chuchote à l’oreille : « Dis grand-père, je crains que je vais avoir un petit enfant »… J’ai alors eu l’idée heureuse, me semble-t-il, de ne rien dire tout d’abord du transfert ou d’une chose de ce genre, mais de lui retourner la question , sur le même ton de chuchotement : « Oui, pourquoi donc penses-tu cela ? » »
Entre l'agi et l'agir
« Freud a raison de nous enseigner que l’analyse remporte une victoire lorsqu’elle réussit à remplacer l’agir par la remémoration ; mais je pense qu’il y a également avantage à susciter un matériel agi important, qui peut ensuite être transformé en remémoration. »
« Les séances commencent comme d’habitude, par des pensées provenant des couches psychiquement superficielles, très préoccupées comme toujours – par les événements de la veille, puis vient éventuellement une analyse de rêve, « normale », pouvant, toutefois, devenir facilement infantile ou agi. Mais je ne laisse jamais passer une séance sans analyser à fond le matériel agi – naturellement en utilisant pleinement tout ce que nous avons du transfert, de la résistance et de la métapsychologie de la formation du symptôme – ni sans rendre conscient ce matériel pour le patient. »
Le droit de l'adulte
« L’adulte aussi devrait avoir le droit de se conduire comme un enfant difficile en analyse… »
« Le patient devenu enfant se montre de plus en plus exigeant, retarde de plus en plus l’apparition de la situation de réconciliation, pour éviter de se retrouver seul, pour échapper au sentiment de ne pas être aimé ; ou bien il cherche par des menaces, de plus en plus dangereuses, à provoquer une action punitive de notre part. »
S'abandonner
« On a très nettement l’impression que l’abandon entraine un clivage de la personnalité. Une partie de sa propre personne commence à jouer le rôle de sa mère ou du père, avec l’autre partie, et rend ainsi l’abandon nul et non avenu pour ainsi dire. »
« …elle présente le clivage de la personne en une partie sensible, brutalement détruite, et une autre partie qui sait tout, mais ne sent rien, en quelque sorte. »
« Je voudrai surtout souligner ici la lumière jetée par cette observation, et d’autres semblables, sur la génèse de l’auto clivage narcissique. Tout se passe vraiment comme si, sous la pression d’un danger imminent, un fragment de nous-même se clivait sous forme d’instance auto perceptrice voulant se venir en aide, et ceci peut-être dès la première, voire la toute première enfance. »
Processus de seance
« On peut à juste titre affirmer que la méthode que j’emploie avec mes analysants consiste à les « gâter ». Sacrifiant toute considération quant à son propre confort, on cède autant que possible aux désirs et impulsions affectives. On prolonge la séance d’analyse le temps nécessaire pour pouvoir aplanir les émotions suscitées par le matériel ; on ne lâche pas le patient avant d’avoir résolu, dans le sens d’une conciliation, les conflits inévitables dans la situation analytique, en clarifiant les malentendus, et en remontant au vécu infantile. On procède donc un peu à la manière d’une mère tendre, qui n’ira pas se coucher le soir avant d’avoir discuté à fond, avec son enfant, et réglé, dans un sens d’apaisement, tous les soucis grands et petits, peurs, intentions hostiles et problèmes de conscience restés en suspens. »
Du dénie à la dénagation
« Le pire c’est vraiment le désaveu, l’affirmation qu’il ne s’est rien passé, qu’on n’a pas eu mal, ou même d’être battu ou grondé lorsque se manifeste la paralysie traumatique de la pensée ou des mouvements ; c’est cela surtout qui rend le traumatisme pathogène. »
Supervision et analyse personnelle
« Même ceux qui sont analysés pour des raisons purement professionnelles doivent donc, au cours de leur analyse, devenir un peu hystériques, donc un peu malade, et il apparait alors que la formation du caractère elle-même est à considérer comme un effet lointain de traumatismes infantiles importants. »
Rêve et désir
« …notre maître qui, lors d’un de nos séjours d’été, inoubliables pour moi, me surprit, un matin, par ce propos :« Voyez-vous, Ferenczi, le rêve est vraiment un accomplissement du désir ! », et me raconta son dernier rêve qui, effectivement, était une éclatante confirmation de sa géniale théorie des rêves. »