Fiche lecture "Les schèmes d’attachement et les conditions y concourant (chapitre 16)" - John Bowlby « ATTACHEMENT ET PERTE » - éditions puf 5ème edition 2002- 1er edt. 1978
Dans ce chapitre l’auteur John Bowlby s’intéresse aux différentes variations dans la forme d’attachement autour de la première année. Il souligne que le sentiment de sécurité chez l’enfant est primordial dans le lien d’attachement à la mère : plus l’enfant se sent en sécurité dans le lien d’attachement avec la mère plus il aura tendance à explorer l’environnement étranger, à l’inverse son attachement à la mère reste à renforcer et il aura plus de mal à s’en détacher pour y revenir en cas de danger.
Je fais le rapprochement avec ce qu’il n’est pas rare de remarquer en thérapie lorsque la difficulté psychique exprimée par l’enfant dans l’adulte à se détacher d’une figure dépend essentiellement de l’insatisfaction de l’analysant dans sa quête de rassurance. Bien entendu quelques cas ne confirment en rien une règle. A ce titre Bowlby dit que « le clinicien trouve beaucoup de sens à la dimension sécurité-insécurité pour évaluer l’attachement d’un enfant. Il semble clairement que cela réfère au même trait de la petite enfance que Benedek (1938) appelle la « relation de confiance » que Klein (1948) appelle « introjection de l’objet », et que Erikson (1950) appelle la « confiance fondamentale » (P449)
Le schème de comportement d’attachement dominant chez l’enfant dépend essentiellement des tendances initiales que chacun des protagonistes, mère et enfant, apporte dans leur relation réciproque « et en partie sur la façon dont chacun affecte l’autre au cours de son développement » (P449). Ainsi, on note que dans la relation réciproque les agissements de soins de la mère influencent les réponses de l’enfant et réciproquement les réponses de l’enfant influencent les agissements de la mère. Mais Bowlby fait apparaître un nouveau trait dans la relation qui est d’une part la propre naissance de la mère et des relations interpersonnelles qui ont participé à son développement dans sa famille d’origine. Je note que la mère de l’enfant qu’a été la mère, a été elle-même influencée par sa propre naissance et son développement dans la famille d’origine. Je peux noter que les bouleversements socio-éducatifs qui interviennent tout au long de la création du lien d’attachement ont pour destin de s’intégrer comme élément supplémentaire que l’enfant recevra au cours des différentes attentions de la mère. John Bowlby nous dit bien que quelles que soient les causes des agissements de la mère, celles-ci influencent la forme d’attachement du couple enfant-mère.
Il est intéressant de remarquer que l’auteur, se référant aux différentes études faites, cite les critères qui formeront la capacité de l’enfant à résister ou pas à la frustration et au stress : La somme de contact physique donnée par la mère, la façon de tenir l’enfant en fonction de son rythme, la nature des techniques visant à calmer l’enfant, les stimulations à répondre socialement et à exprimer ses besoins ou « à faire des progrès sur le plan du développement » (P457), les formes d’expériences proposées et adaptées, l’expression des sentiments positifs vers les figures auxiliaires et étrangères, et enfin cité par l’auteur « le plaisir mutuel que la mère et l’enfant trouvent réciproquement dans leur compagnie » (P458). Également, l’auteur averti sur le prévisible que l’enfant sera en capacité d’envisager et qui participera grandement à son lien d’attachement sécuritaire.
Selon les études de David et Appell en 1966, la forme d’interaction d’attachement qui aura été créée au cours de la première persistera jusqu’à la troisième année. Néanmoins Bowlby averti que cette forme de lien peut varier selon des événements dans la relation telles qu’accidents, maladie, et qui induiraient des demandes de différentes intensités da la part de l’enfant et de la mère. Notamment rappelons l’impact de la dépression chez la mère. Les sentiments de rejet, d’abandon, ressenti à tort ou a raison par l’enfant qui peuvent avoir des incidences notoires dans le développement psychique de lt psychique de l’enfant. Et inversement les demandes de l’enfant qui appui sa demande d’attachement par une réaction ou une autre aura des incidences sur le comportement de la figure maternelle. Ainsi l’interrelation s’en trouve altérée.
Pour conclure John Bowlby nous dit que « Tout ce que l’on peut dire sans risque de se tromper, c’est que, à mesure que les années passent, la labilité diminue ; qu’elle soit propice ou défavorable, quelle que soit l’organisation qui existe, elle devient moins facile à changer » (P461).
Alain Giraud