« C’est parce que la symbolisation permet de mieux comprendre pour celui qui est en capacité d’entendre que la photographie s’impose comme une représentation de l’autre qui est soi. »
Le symbole permet d’évoquer ce qui n’est pas perceptible. Par exemple, le sceptre est le symbole de la royauté . Oui en effet, je ne peux pas voir la « royauté » en tant que telle mais je peux voir ce qui la représente, donc le symbole est ce qui représente ce qui n’est pas perçu et vu mais seulement entendu. C’est une fois représenté par le symbole « sceptre » qu’alors le signifiant « royauté » peut être vu, c'est-à-dire représenté par le sceptre. Peut-il être perçu, c'est-à-dire compris de son intérieur ? C'est-à-dire, est ce que le signifiant royauté, qui serait un concept, est défini dans son intérieur ? Oui bien entendu par ses règles, ses lois, son cadre. Ainsi le symbole sceptre représente pour celui qui en est averti un cadre de lois et de règles qui définissent l’abstraction du terme royauté. En ce sens le symbole permettrait de figurer ce qui est abstrait.
Le symbole est un signe nous dit Lacan. Un signe propre aux cultures, aux ethnies, aux religions. Le symbole rassemble autant qu’il différencie. Il distingue une appartenance d’une autre. Il rassemble dans son fonctionnement langagier et signe l’appartenance de l’individu grandissant comme intégré à une société ou tout du moins en faisant partie, plus exactement le constituant de sa part différente, son caractère humain unique et individuel. En ce sens le symbole, qui est le signe qui s’apprend, rassemble des éléments uniques qui forment à eux tous ce qui est appelé une société, c'est-à-dire un regroupement de différences unifiées par les mêmes signes et symboles. Ainsi je pourrais dire que le symbole a une fonction unifiante. « C’est bien la parole qui rend l’homme capable d’être le vivant qu’il est en tant qu’homme. L’homme est homme en tant qu’il est celui qui parle » (1)
L’apprentissage du signe, qui assemblé à un autre signe forme ce que nous appelons un mot, signifie un objet, qui sans le symbole de départ ne pourrait être nommé, devient alors la capacité de se comprendre entre membre d’une même société en nommant l’objet du même mot, c'est-à-dire du même symbole qui devient alors un signifiant. Ce qui revient à dire, que la chaise est une chaise parce qu’elle est nommée ainsi dans l’usage apprit des symboles utilisés dans notre société. Néanmoins, en tant que tel le mot chaise en tant que symbole permet de percevoir une idée assez vague de l’utilité de l’objet en l’occurrence pour s’assoir. Ainsi le signifié qui va exprimer le contenu du signifiant, c'est-à-dire les signes assemblés et qui forme un symbole sans lequel l’objet chaise ne pourrait être ni nommé ni représenté, va permettre d’indiquer la nature de la chaise, sa fonction, son utilisation : une chaise longue aura une utilisation différente d’une chaise de salle à manger. Ainsi je pourrais dire que la chaise longue qui a priori n’appartient pas à la salle à manger délimite l’appartenance de la chaise à une fonction qui est elle-même nommée par un assemblage de signes qui forment un symbole.
La représentation picturale du rêve est faite de signes appartenant à la représentation de celui qui présente sa représentation qu’il fait de ce qu’il perçoit de son rêve, tout en sachant que le rêve lui-même est la symbolique d’un refoulement au même titre que le symptôme : « Les rêves utilisent tous les symboles déjà présents dans la pensée inconsciente parce que ceux-ci s’accordent mieux aux exigences de la construction du rêve, étant donné leur aptitude à être figurés et aussi parce que, dans la règle, ils échappent à la censure » (1). De ce fait le symbole symbolisé devient la symbolique de ce qui a été rêvé et est représentée par des signes picturaux, donc des symboles, qui symbolisent un souvenir, un ressenti, c'est-à-dire une représentation du souvenir du rêve. L’image manifeste de la représentation du rêve est la symbolique de la représentation latente du rêve (ce que le rêve sous-entend) et qui devient la représentation de l’individu unique de par ses différences. Je pourrais dire que le symbolique détient les symboles et qu’il ne peut être symbolique que s’il établit une communication interpersonnelle par des symboles qui vont mettre en résonance la compréhension personnelle dont la source est la propre représentation de l’individu. C’est en ce sens que l’apprentissage de la compréhension de ce qui est représenté devient la compréhension de ce que l’autre a voulu symboliser et qui renvoie à la propre représentation de celui qui vit ce qui est représenté et formulera ainsi sa propre représentation symbolique de ce à quoi il assiste en tant que regardant.
Le symbole est un constituant de ce qui permet d’entrée en relation avec l’extérieur et dépendra du savoir que l’individu aura acquis de la symbolique faite de l’extérieur. De ce fait la représentation de celui qui est dans son réel symbolisera ce qu’il vit intérieurement en fusion avec la réalité, c'est-à-dire indifférencié. Lacan délimite le réel de la réalité : la différenciation par l’apprentissage du symbole que l’autre n’est pas soi comme l’enfant a pu le ressentir lorsque l’extérieur était un prolongement de lui-même, une puissante identification inconsciente. Quand il est en capacité de percevoir la représentation de son contenant dans le miroir l’enfant se sépare psychiquement et progressivement de ce qui était son réel pour aborder ce qui devient la réalité, passant de l’image qu’il se fait de l’autre comme étant soi, pour ensuite progressivement se différencier de l’image de l’autre en abordant le langage et les mots . Il y a ainsi la différenciation entre (son) réel et (la) réalité. L’imaginaire prend sa place dans le désir de retrouver la sensation du réel de l’enfant que tout individu a été et reste inscrit dans l’inconscient de celui-ci.
« Le symbole se transforme en langage lorsqu’il est en plus libéré de la contingence d’une matérialité trop forte à quoi s’associe la permanence d’un sens, d’un concept. Ainsi naît l’univers du sens »(1) .Si le langage est fait de parole et que la parole est faite de signes, alors le langage a du sens commun pour que la communication interpersonnelle s’effectue, se comprenne et s’entende. C‘est bien dans l’assemblage des signes qui forme le langage que le symbole va éclore munit de son sens. Néanmoins, la résonance du sens de la parole aura une symbolique particulière selon la représentation que l’individu se fera entremêlant son réel et la réalité perçue. Dès lors que l’individu tente d’exprimer ce qu’il ressent par les symboles du langage il aborde une tentative d’exprimer symboliquement sa représentation par des symboles qu’il souhaite entendus. Ainsi Lacan nous dit que ce qui est exprimé devient la symbolique de ce qui est vécu. « Le symbole constitue la réalité humaine » et « l’homme parle… parce que le symbole l’a fait homme »(2)