La compréhension du terme « phallus » est trop fréquemment incomprise ou déformée et la déformation conduit soit à fermer les vannes de la compréhension, soit à propager des idées fausses sur le sujet.
Dans ses recherches et dans ses premiers écrits S.Freud passe du phallus au pénis sans vraiment nous indiquer la distinction entre les deux. Cela donne aujourd’hui quelques incompréhension, quelques difficultés d’explication pour distinguer l’un de l’autre, et quelques arguments pour certains qui déchargent leurs tensions et restent ainsi dans l’illusion d’une partie de leur propre phallus qu’ils craindraient d’avoir perdu.
Depuis J. Lacan phallus et pénis sont bien différenciés. (Je remarque à ce propos qu’il y a bien davantage de détracteur de S.Freud que de J. Lacan) Du point de vue de l’enseignement de la psychanalyse Le pénis est l’organe sexuel masculin et le phallus est ce qui confère le pouvoir et la puissance au sujet (maison, grosse voiture, poste professionnel important, compte en banque, etc.). Cela ne veut pas dire que l’inverse est vrai, c'est-à-dire que toute personne qui possède une grosse voiture par exemple est-en mal de phallus.
Il est une fantasmatisation, une symbolique d’une représentation individuelle de ce qui est désiré et mènerait à une jouissance, un plaisir intense et individuel. Le désir du phallus est le désir de posséder la puissance qui est ressentie comme manquante, maitriser le phallus c’est détenir le phallus contre vents et marrés. Mais le désir de chacun varie selon ses propres représentations de la réalité, c'est-à-dire de ce qu’il pense, de ce qu’il voit, de ce qu’il ressent, de la réalité extérieure tout en la confrontant intérieurement à son vécue inscrit dans son inconscient et préconscient c'est-à-dire refoulé ou classer thématiquement dans sa mémoire. Par conséquent, il existe un phallus pour chacun issue de son propre besoin ou désir de puissance qui lui-même est issue de ce qui manque à chacun pour se sentir existant et vivant. Le sujet adulte sera existant et vivant dans sa réalité selon ses capacités à la percevoir, à la ressentir, à l’analyser, à la synthétiser, à s’inscrire en tant qu’acteur. Il s’agirait de dire que si le phallus du sujet est blessé, meurtri, en manque de reconnaissance, alors ses capacités à se sentir existant et vivant en seront d’autant plus amoindri. Il est à noter que si le phallus est le pouvoir, il est aussi la symbolique de la loi universelle, c'est-à-dire ce qui est appelé en psychanalyse la loi du Nom du Père. En d’autres termes, l’enfant lorsqu’il a entre 3 et 6 ans est soumis à ses désirs pulsionnels d’autant plus que sa zone érogène prédominante est la zone génitale. L’enfant va donc mettre en œuvre tout ce qu’il a appris précédemment dans son évolution psycho-sexuelle pour confirmer qu’il a bien le pouvoir de séduction sur l’une des deux figures parentales. Exemple : « Moi plus tard je me marierai avec maman dit le petit garçon installé à l’arrière de la voiture. Non ! lui répond sa sœur assise juste à côté de lui, moi je me marierai avec Papa ! » Et ainsi de suite, personne ne s’entend, la chose attendue est l’acquiescement de l’adulte consentant qui ne viendra pas et ne doit pas venir et dont le garant dans le cas des deux genres est la figure paternelle garant de la loi du tabou de l’inceste. A ce propos Green nous dit que " Le phallus serait le signifiant de la jouissance. N'oublions pas aussi qu’il est le signifiant de l'autorité. Autrement dit de la jouissance du Père et de sa Loi." (Green Le complexe de castration P.124-), il résume en une phrass les mots majeurs du signifiant phallus : l'autorité, la jouissance, la loi.
Prenons le cas de Madame V. qui me dit lors de sa prise de contact téléphonique « je me sens amoindri par mon mari que je ressens comme un pervers narcissique : il m’insulte, me menace, m’isole, me rabaisse, je me sens objet malmené. Je voudrai qu’on me dise comment me battre contre lui » ou encore celui de Monsieur B. qui dit « Au travail je n’arrive pas à faire face à la surcharge de travail, on m’en demande de trop, on ne me reconnaît pas, mes compétences sont mises au placard, en plus je suis épuisé, je ne vaux plus rien. Comment faire ? ». Il y a dans ces deux exemples, les signes de deux épuisements nerveux, d’un état de stress qui pourrait atteindre le corps du sujet. N’oublions pas que le phallus représente tout élément qui nous permet de croire que nous avons une puissance et/ou une certaine valeur ou ce qui donne de la valeur.Il ne s’agit pas du combat des phallus qui ferait penser au Combat des chefs de la bande dessinée Astérix de R. Goscinny et A. Uderzo (dessin) publié en 1966, mais il s’agirait plutôt, parallèlement à l’intervention de la loi qui représente également le phallus organisationnelle et sociétal, de récupérer son propre phallus par l’intermédiaire de la psychothérapie qu’elle soit de soutien ou analytique. La puissance est ancrée dans l’inconscient de chacun et des fois quelques petites barrières l’empêchent de se développer pour accepter une nouvelle réalité. En conclusion dans ces deux cas d’emprise l’un de couple et l’autre de burn-out, l'appel à la loi est primordial et la psychothérapie aide à se re-construire.
Puisque vous avez bien compris la différence entre phallus et pénis, nous pouvons aller plus avant dans l’exposé. A partir de maintenant nous pouvons poser la question suivante : « Certains sujets sont-ils attirés par la convoitise du phallus de l’autre ? » La réponse est oui, mais pas seulement! Tout le monde n’est pas attiré par le phallus de l’autre, certain sont attirés par l’affirmation de leur propre phallus, d’autre se contentent de leur phallus et le protège, d’autres veulent faire grandir leur phallus, d’autres encore veulent le retrouver, d’autres veulent le penser et/ou le panser, d’autres se défendent d’être jaloux de celui de leur voisin, etc. Bon si vous avez encore tendance à confondre phallus et pénis, changer le premier terme par « puissance ou pouvoir » et tout ira mieux. La séduction par exemple, c’est la recherche de la reconnaissance de son propre phallus de séduction, c'est-à-dire la validation de son propre pouvoir de séduction. Ah je vois que ça coince ! Et la femme dans tout cela ? La femme est aussi à la recherche de la validation de son phallus de séduction puisque le phallus de séduction est sa propre puissance ou pouvoir de séduction. Donc cela veut dire que l’homme et la femme ont leur phallus ? Et bien oui ! Voilà le tour est joué, vous avez compris la différence entre phallus et pénis !
Si vous avez bien lu ce qui a été dit précédemment alors ce qui va se dire sera pour vous qu’une confirmation de ce que vous avez compris, c'est-à-dire une évidence. Quand on parle de castration, on parle bien de la castration du phallus. Par conséquent de l’amputation de tout ou partie du pouvoir ou de la puissance du sujet. Ainsi on remarque que l’adulte masculin ou féminin peut être en proie à la sensation de la castration à n’importe quel moment. L’avez-vous déjà éprouvé ? Oui bien entendu puisque les interrelations tournent souvent autour du sujet du pouvoir qui renvoie au sujet de sa rassurance sur son propre pouvoir, et bien heureusement rarement au détriment de l’autre. Dans le cas contraire, si la jouissance du sujet est basée sur le plaisir de détruire l’autre alors le ou la pervers narcissique serait démasqué(e). Ce qui distingue le sujet pervers est la jouissance dans la destruction de l’autre en tant que proie, cible ? Oui tout à fait ! Dans le cas contraire, sans porter atteinte à autrui, à vous-même, ou à votre environnement social, familial, amical, professionnel, vous n’êtes pas dans un fonctionnement pervers mais plutôt dans une recherche de reconnaissance ou de compétences ou de liens qui vous rassure sur votre socialisation, votre capacité d’adaptation dans le respect des contraintes organisationnelles qu’elles soient sociétales ou professionnelles. La castration est donc l’amputation de toute ou partie de ce pouvoir, de ces compétences. Le sujet peut être castré par l’autre ou se castrer lui-même, il sera alors dans une dévalorisation de ses capacités, de ses compétences, de son pouvoir, de sa puissance à exister et à vivre, à s’inscrire. Néanmoins ce qu’il ressentira de cette castration sera en lien direct de ce qu’il percevra de son environnement c'est-à-dire de sa représentation qui est en lien direct avec ses affects et sa façon de se percevoir : ce qui sera castration pour l’un ne le sera pas obligatoirement pour l’autre. Tout dépend de la manière dont l’enfant qu’il ou elle a été a su ou non intégrer les éléments qui lui ont été proposés dans son développement psychosexuel. Si cela vous fait penser à ce qui est dit plus haut en parlant du développement de l’enfant entre 3 et 6 ans qui est soumis à ses désirs pulsionnels d’autant que sa zone érogène prédominante est la zone génitale et qu’il mettra tout en œuvre pour confirmer qu’il a bien le pouvoir de séduction sur l’une des deux figures parentales et que la figure paternelle posera son interdit, alors la castration est là ! Et c’est en acceptant la loi paternelle, c'est-à-dire l’amputation de son pouvoir de séduction sur le sexe opposé ou pas d’ailleurs que l’enfant trouvera sa propre puissance et son propre phallus, son pouvoir de séduction à l'extérieur du couple des figures parentales.nasio nous dit une phrase tellement simple mais tellement vrai qui illustre bien ce qui vient d'être dit "Craignant de perdre le phallus vénéré qu'il croyait détenir, le garçon est amené à préférer son pénis à sa mère" ( J. D Nasio - L'Œdipe, éd. Petite Bibliothèque Payot, 2005, p 73) et il continue en disant "Le phallus pour la fille n'est pas le pénis mais l'image de soi" ( J. D Nasio - L'Œdipe, éd. Petite Bibliothèque Payot, 2005, p 75)
Pour faire simple et vrai, l’angoisse de castration ou la menace de castration repose bien sur le phallus et non pas sur le pénis ! Ce qui angoisse l’enfant entre 3 et 6 ans environ est la perte de son pouvoir d’attraction d’enfant tout puissant ! S’il vous plait de comprendre cela, alors vous ne prendrez plus les voies pénétrables des détracteurs qui profites des recherches de Sigmund sans controverser ses descendants tels que Lacan, Jung, Klein, Winnicott. Cet exposé sera complété par la suite ou pas...