A.GREEN ETAT LIMITE
Pour aborder les Etats Limites A. Green fait référence aux travaux de Ferenczi concernant « le trauma qui n’est pas toujours en rapport avec ce qui a eu lieu, mais aussi avec ce qui n’a pas eu lieu », c’est-à-dire « l’enfant dans l’adulte ». La non-réponse de l’objet primaire peut avoir des conséquences graves qui « paralysent l’activité du moi ». En 1924 dans « névrose et psychose » Freud reconnaît l’existence des traumas archaïques qui laissent des cicatrices et parle de « la folie des hommes » qu’il ne compare pas à la psychose mais au clivage du moi. A la même époque il va dissocier les névroses narcissiques de la schizophrénie en distinguant « la destructivité morcelante et la mélancolie destructive du moi et de l’objet. » A. Green nous rappelle que les Etats-limites étaient tout d’abord associés aux névroses dites narcissiques et confondues avec les psychoses. Dans sa première topique tout comme dans la seconde Freud définit la limite comme une zone d’élaboration psychique. Pour A. Green l’appareil psychique est constitué de limites qui sont des zones d’élaboration psychiques et en relation avec deux objets : L’objet dans le moi et L’objet extérieur. C’est la relation entre les deux qui définit la conception de l’objet. Par conséquent le moi a deux angoisses : celle de la séparation (de l’objet interne) et celle de l’intrusion (par l’objet externe). L’espace psychique est encadré par le soma et l’acte qui servent d’évacuation et est gouverné par deux mécanismes le clivage et la dépression. A. Green fait un rappel au sujet du soma et du corps qui a toute son importance dans la structure limite : le soma est l’organisation biologique dans laquelle s’intègre le psychosomatique ; le corps est traversé par la libido, par le signifiant, il est le passage à l’acte, la décharge. La réalité psychique est celle des phénomènes inconscients qui sont constitués des processus primaires qui renvoient à des représentations et des affects qui élaborent des désirs et renvoient à ce que A. Green appelle « la logique de l’espoir » dans la névrose. Logique qui obtient une certaine satisfaction, c’est ce qui détermine le fonctionnement de l’inconscient « rien ne peut empêcher la réalisation du désir inconscient sous une forme ou sous une autre, celle du rêve, du fantasme, ou encore sous la forme du souhait, du vœu, voire sous la forme du symptôme. Sans rien dire du transfert. » De la névrose grave il écrit que « la ténacité des fixations, faible mobilisation des symptômes par l’analyse, transformation limitée par l‘analyse des transferts, rigidité des mécanismes de défense, le transfert est peu massif, peu nuancé, et ne se modifie pas pendant la cure. » Concernant la névrose obsessionnelle, elle est d’une clarté impressionnante par la lisibilité des processus inconscients, les modes défensifs d’organisation du moi, les fixations qui apparaissent dans le matériel, ténacité des fixations orales qui sont rigides, les bénéfices prégénitaux sur le mode sado-masochique sont difficiles à lever, difficulté d’accès au mode génital. Les mécanismes sont l’isolation des affects, l’annulation rétroactive et formation réactionnelle. A.Green identifie Deux mécanismes de défense fondamentaux sont identifiables dans la structure limite. Le premier est le clivage non pas au sens de la destructivité mais dans celui de l’opposition comme psyché/soma, masculin/féminin ; pensée/acte… Le second est la dépression non pas au sens déprime mais à celui d’une baisse de tonus sans conflit psychique. Pierre Fédida remarque que chez l’état limite on observe des également le mécanisme de défense du déni. Le rapport interpersonnel et à la réalité de l’état lime est électrisé plutôt que morcelés. L’attitude est adaptative tant que l’entourage est souple à leur demande et tolère une manipulation suggestive par les émotions et les affects qu’ils suscitent. Serait-ce à dire que l’état limite ne résiste pas à la contradiction, à celle de ne pas être entendu et sort de ses gongs à ce moment-là lorsque le discours lui apparaît comme rigide ? La souplesse du discours est par conséquent importante pour l’état limite. Avec ce qu’écrit A.Green lorsqu’il décrit l’angoisse d’intrusion et celle de la séparation chez l’état limite . Le no man’s land de celui-ci serait-il le langage de l’autre à la fois souple et empathique. Un espace à la fois transférentiel et contre-transférentiel ? A. Green écrit que Chez les borderlines, il existe deux grandes sensibilités, d’une part celle de l’intense ressenti des émotions vis-à-vis de l’objet externe, d’autre part celle de l’intrusion par ce même objet. La conception de l’objet est donc d’une grande importance et c’est pour cette raison, nous dit A. Green, que la grande souffrance du borderline est le désert objectal. Par conséquent la référence à l’espace transitionnel de Winnicott où siège l’objet a toute son importance. L’espace potentiel devient une zone limite d’élaboration psychique ou peut se travailler la symbolisation. Ces deux grandes sensibilités, porosité émotionnelle et intrusion, se retrouvent également dans l’Œdipe : L’angoisse de castration de la névrose est comparable à l’angoisse de séparation chez les états limites, et l’angoisse de pénétration chez le féminin l’est à l’angoisse d’intrusion chez le borderline. Nous venons de voir que clivage est un des mécanismes prédominant chez l’état limite. De quelle nature est ce clivage en considérant l’objet moi et l’objet extérieur. Serait-il contraint de s’exercer à la fois contre soi et contre l’autre ? Porte-t-il sur les attitudes, sur les représentations, les croyances ou les pulsions. À première vue tous pourraient être intriqués et c’est justement pour mieux comprendre le fonctionnement de l’état limite que la question se pose. Chez l’état limite le clivage crée deux évidences subjectives contraires et internes qui n’altèrent en rien l’évidence externe ( Wildocher,1994) En terme de croyance, chez l’état limite l’objet est à la fois aimé et à la fois haï, il ne s’agit pas d’un mouvement pulsionnel. Le clivage est d’abord entre deux formes d’amour ; amour de l’objet et fantasme sexuel infantile. (D. Wildocher, 83) @ Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. Pour toute autorisation contacter l'auteur Alain Giraud
Limite
L'acte et le soma
Quelle est la différence entre réalité psychique et réalité matérielle ?
Dans la deuxième topique, Freud indique le caractère hétérogène qui induit la confrontation entre un ça pulsionnel et le surmoi culture. A. Green nous rappelle que les travaux de Freud mettaient en question le désir qui est lié aux représentations eux-mêmes liées à l’inconscient et l’agir, la motion pulsionnelle, liée au passage à l’acte, à la répétition, liée au ça. Ainsi la 2ème topique a permis d’énoncer les répétitions de l’agir. Il dit à ce propos « la motion pulsionnelle renvoie à la décharge aveugle et irrémédiable dans le but de soulager l’appareil psychique, ce qui ne revient pas à une référence au plaisir mais à la sauvegarde minimale de la liaison psychique primaire « le dilemme est entre la motion pulsionnelle cherchant la décharge et/ou une représentation de chose. » « Les structures états limites ont la tendance à la répétition, nous dit A. Green, à l’agir, à la désorganisation du moi ».
A.Green fait la différence entre névrose grave et état limite.
Pour l’état limite obsessionnel l’investissement de la pensée est considérable dont la forme, nous dit A. Green, est intermédiaire entre névrose obsessionnelle et paranoïa, sentiment de persécution par l’entourage, satisfaction du masochisme, rapport de force, position de victime, sentiment de rejet, personne ne l’aime, autopersécution intense. Obstination vers le parfait et échec pour rester dans l’imparfait de soi. « Fixation anale primaire où la régression atteint le narcissisme. »
Le borderline de type hystérique est au-delà de la névrose : Accès boulimique, mécanismes addictifs, retrait social, excellence professionnelle, longtemps dans le lit. Les tentatives de suicides sont associées à la décharge pulsionnelle qui permet de s’extraire de la réalité. Difficulté à couper avec les affects douloureux. Le futur semble difficile à envisager ce qui provoque le sentiment d’intemporalité. L’introspection est sporadique et dès que l’on atteint le noyau conflictuel, ce qui pourrait être entendu par un autre sujet, le borderline devient sourd, absent, il ne comprend plus.
Mécanismes de défense de l’état limite
L’amour et la haine chez l’état limite